L'art brut

Qu'est-ce que l'art brut ?

 Les liens entre l’art et la folie furent tout d’abord explorés par les romantiques, au XIXème siècle. Ces derniers élevaient le dément au rang de "héros en communion secrète avec les forces du destin" ; cependant il a fallu attendre le début du XXème siècle pour que des artistes commencent à apprécier la production plastique des malades mentaux.


Ces artistes d’avant-garde, tels Pablo Picasso et Paul Klee, appartenaient à une nouvelle génération qui s’intéressait à la distorsion formelle et à l’expressionnisme .  


Dubuffet, dénonçant le caractère sélectif et répressif de la culture officielle, a inventé en 1945 le concept d'art brut qui désigne les œuvres réalisées par des individus sans culture artistique, hors des normes et conventions artistiques. Après avoir rassemblé une collection de dessins d’enfants, il a tourné son attention vers les œuvres des malades mentaux et d’autres artistes autodidactes.  Il collectionnait aussi l’art de médiums comme Lesage et Pigeon. Malgré des différences stylistiques souvent importantes entre ces œuvres, le groupe était uni par la foi de Dubuffet en la nature brute qui surgirait comme une injonction dictée par leur "moi intérieur".  L’art brut est un art spontané et inventif, hors de tout effet d’harmonie et de beauté.


"Nous entendons par-là [art brut] des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, a peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d’écriture, etc.) de leur propre fond et non des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode. Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions..."

Jean Dubuffet (L’Art brut préféré aux arts culturels, octobre 1949)

 


Certains artistes appartenant à la catégorie "art brut" sont des malades mentaux.

Dubuffet, comme Nietzsche, estime que les artistes sont par définition des êtres asociaux dont les pouvoirs d’innovation proviennent d’un refus de se contenter de l’ordre des choses. Pour lui, la folie se situe à l’apogée de l’individualisme, et ses jaillissements créatifs sont particulièrement aboutis et homogènes.

L’automatisme, qui est un élément fondateur de l’expression graphique des malades mentaux, tient une part importante dans l’art brut. Dans le langage et l’image des peintures brutes, il existe une connaissance puisée dans les profondeurs du psychisme et dans la folie.



À tout seigneur tout honneur, voici d'abord un petit mémo sur Jean Dubuffet.


Il sera suivi de portraits d'autres grands noms de l'art brut, par ordre alphabétique pour ne pas faire de jaloux...



Jean Dubuffet




"Ensuite je deviens un artiste.


Et puis j’expose au Salon.


Et puis on m’enterre au Panthéon


Et puis on vend mes dessins 10 millions


Et puis je suis célèbre pour toute l’éternité"



Jean Dubuffet

Jean Philippe Arthur Dubuffet, dit Jean Dubuffet, peintre français, naît le 31 juillet 1901 au Havre. Il décède le 12 mai 1985 à Paris. On le considère comme la figure emblématique de l’art brut.

Fils d’un négociant en vin, il n'éprouve pas de réel intérêt pour le commerce et quitte Le Havre pour Paris à l'âge de 17 ans. Il suit brièvement les cours de l’Académie Julian, ce qui renforce son aversion pour les institutions artistiques.

Il s'ensuit une période morose et inféconde, qui se résoudra, vers 1943, par un véritable sevrage culturel et par un retour à l’esprit d’enfance. Dès 1945, Jean Dubuffet se met en quête d’œuvres correspondant vraiment à l’idée qu’il se fait d’une création non culturelle, œuvres de marginaux, d’originaux, de délirants et de spirites, qui allaient constituer la collection de l’Art Brut. En 1946, dans "Prospectus aux amateurs de tout genre", Jean Dubuffet émet l’hypothèse d’unart praticable spontanément par n’importe qui, un art qui ne nécessiterait ni don ni instruction, un art qui procéderait de la jubilation et non de l’initiation.


Dès lors, sa vie se confond avec son œuvre. Celle-ci fonctionne selon le régime de la révolution permanente, elle est scandée par de brusques renversements. On passe subitement des "Matériologies abstraites" à des travaux vivement figuratifs, mais qui, par un nouveau paradoxe, mettent en cause plus radicalement encore les principes de l’illusion picturale. Ainsi, à la source de chaque série, on repère l’invention d’un système d’engendrement propice à des péripéties formelles dont l’auteur ne pouvait que s’enchanter : dans les premiers travaux dont il assume la paternité, notamment les "Macadam" (1945), les "Paysages grotesques" (1949), les "Tables paysagées" (1951) et les "Pâtes battues" (1953), l’activation des hautes pâtes, déterminant fissures, sillons, crevasses aux graphismes inextricables ; les assemblages d’éléments hétérogènes engendrant monstres et merveilles ; la chasse aux empreintes et estampages de tout acabit suscitant des univers complexes à l’échelle d’une feuille lithographiée ; les délinéaments de "L’Hourloupe" engendrant un nouveau chiffrage de la réalité ; et la hâte inspirée des "Mires" et des "Non-lieux", court-circuitant tous les poncifs de la vision commune.

Jean Dubuffet n’a jamais aimé évoluer que dans des situations de complexité qui submergent ses pouvoirs de contrôle. Se sentir dépassé, débordé, excédé, cela l’exaltait. Il avait alors l’impression d’avoir affaire à des puissances magiques outrepassant tout ce qu’il pouvait concevoir.

Le village fantasque
Le village fantasque




Richard Antilhomme est né en 1926 à Haïti ; il y est mort en 1999.

 

Il travaille d'abord comme domestique à Port-au-Prince, puis comme pâtissier, en enfin comme maçon et peintre en bâtiment.

 

Entre 58 et 60, il rencontre Tiga* et s'initie au modelage en argile. En 68, il passe son temps à dessiner, et devient l'un des membres fondateurs du mouvement "Saint Soleil" en 72. Antilhomme poursuit discrètement sa vie d'artiste.

 

Très estimé et reconnu parmi les collectionneurs avertis et quelques galeries, il a réussi à préserver la force originelle de son expression artistique.

 

A la fin de sa vie, il peind sur des fonds classiques, mais il expérimente de nouveaux supports pour ses peintures avec des planches de bois brutes de sciage. Son succès à maîtriser ce nouveau média le confirme, peut-être, comme le plus «ethnique» parmi les maîtres de Saint-Soleil.

 

*Jean-Claude Garoute, dit "Tiga" est un artiste haïtien (peintre, sculpteur, céramiste et musicien). Il a créé en 1970, avec Maud Robart, une initiative visant à renouveler la peinture haïtienne, en lui faisant rencontrer le vaudou. L’expérience donne naissance, en 1973, au mouvement Saint-Soleil.


André Bauchant

 

 

 

 

 

 

 

André Bauchant est né à Château-Renault en 1873. Il est mort à Montoire-sur-le-Loir en 1958.    

André Bauchant n'a commencé à peindre qu'à l'âge de 47 ans ; il expose pour la première fois, en 1921, au Salon d'automne. Très vite, il va occuper une place de premier plan parmi les "maîtres populaires de la réalité".

 

On retrouve, dans la minutie fervente de ses bouquets et de ses paysages, toute la douceur de la campagne tourangelle. Mais sa prédilection semble aller aux grandes scènes mythologiques ou historiques. Aux prises avec de tels sujets, il montre, s'il en était besoin après Henri Rousseau et Ferdinand Cheval, que l'art naïf peut faire bon ménage avec le solennel. Cette juxtaposition dans l'espace imaginaire du peintre nous montre, chez un même peintre, les deux versants de l'art naïf : l'un tourné vers la réalité la plus familière, l'autre vers le rêve historique ou l'évasion dans l'imaginaire.


Autodidacte de grand talent, on le surnomma le "peintre jardinier" car il fut longtemps pépiniériste en Touraine. On peut voir quelques-unes de ses toiles au Musée d'Art Naïf de Laval.

Promeneur couché sur toile
Promeneur couché sur toile

Anselme Boix-Vives

 

 

 

Anselme Boix-Vives est né en 1899 dans la province de Castellón en Espagne. Il est mort en 1969 à Moûtiers (France). 

Né dans une famille pauvre, il ne va pas  à l'école, et n'apprend ni à lire ni à écrire ;  très jeune, il garde des troupeaux. Il arrive en France en 1917, à l'âge de 18 ans, où il se fait embaucher dans diverses usines. En 1926, grâce à ses économies, il ouvre sa propre boutique de fruits et légumes en Haute-Savoie. Il vit heureux avec sa femme et leurs trois enfants.  Mais en 1962,  tout vacille : la mort de sa femme et de sérieux soucis de santé le contraignent à abandonner ses affaires à l'un de ses fils.

 

Une nouvelle vie commence alors, entièrement consacrée à la peinture. Son premier tableau date de juillet 1962, le dernier est achevé en 1969. Sept années de création où il laisse plus de deux milles œuvres, principalement des dessins et des gouaches. 

 

"C'est très beau, ça !" et moi je croyais qu'il rigolait !

 

"Le tableau il est tout vide [sans fleurs] ; c'est beaucoup plus joli comme ça !"

 

Anselme Boix-Vives est un utopiste, qui a imaginé un monde idéal où notre planète serait un éden pour tous. Il a conçu "un plan pour la paix dans le monde par le travail". 

 

"Les gens qui font le mal, c'est parce qu'ils ne sont pas intelligents". Il propose donc de supprimer les prisons et de développer l'intelligence des gens.

 

Il écrit  : "Je ne paierais jamais les gens à ne rien faire. J'aurais toujours de l'argent et du travail pour toutes les nations. Après avoir redressé l'univers, et araser les montagnes, je commencerais le dragage des rivières, et si des ouvriers étaient toujours sans travail, je leur demanderais de creuser des trous pour y enfouir l'océan"

 

Il attendit 30 ans pour publier des manifestes envoyés aux "grands de ce monde" : De Gaulle, le pape, la reine d'Angleterre, les Nations unies…L'attention qu'il attendit vainement de ses manifestes, il l'obtint avec une rapidité spectaculaire dès qu'il se laissa convaincre de pratiquer le dessin et la peinture.

 

"Je n'avais jamais pu lire quoi que ce soit, je n'avais jamais vu de peintures faites par de vrais peintres, alors il me fallait des modèles. Mais ici, à Moûtiers, c'est difficile. Alors j'ai acheté la télévision ; comme ça, ici, j'ai le monde à peindre"*

 

En 1966, Boix-Vives eut aussi les honneurs de la télévision suisse romande (je vous recommande vivement ce document de 18 minutes à voir sur le site internet de la TSR).

 

Couple
Couple

Ilija Bašičević, dit Bosilj



Bosilj est né en 1895 dans l'ex-Yougoslavie. Il est mort en 1973 en Serbie.      

Bosilj est agriculteur jusqu’à l’âge de 62 ans ; ce n'est que lorsque l’Etat lui confisque sa terre qu'il commence à peindre. Il fait ses premières gouaches et aquarelles en 1957, et  il commence la peinture à l’huile en 1958.

 

Il a peint jusqu’à sa mort et il a laissé une œuvre de plus de 2 000 tableaux. De son vivant, il a exposé dans une centaine d’expositions à travers le monde. En 2007 et 2008, ses tableaux ont été exposés à côté de ceux des grands maîtres tels Picasso, Chagal, Klee, Kandinsky et Schiele. 

 

Il réussit à atteindre un soi-disant "état zéro du tableau", c’est-à-dire le degré d’épuration de son esprit de peintre de toutes les créations antérieures. Grâce à cela, il est capable d’adopter, dans chaque nouveau tableau, des positions différentes, originales et imprévisibles. La symbolique de sa peinture est unique dans l’art. Le cycle le plus connu de travaux de Bosilj est intitulé "Le monde selon Ilija".

 

Outre sur les surfaces  habituelles,  papier et toile, qui sont souvent peints des deux côtés, Ilija Bosilj peint sur des cartons, des restes de sacs, du verre, des meubles (des armoires, des lits, des chaises), et sur les murs de sa maison. 



Tim Brown




Tim Brown est un peintre américain. Il est né en 1923 aux États-Unis.

Il a peint tout au long de sa vie, de manière irrégulière, dans un style rappelant l'Art Brut.

Dans la fin des années 1950, il commence à peindre ses souvenirs ; n'ayant pas de photos de jeunesse, il a voulu partager ses souvenirs. Il peint les membres de sa famille et ses amis.

 

La plupart de ses œuvres sont signées TB. À l'occasion, il signe de son nom complet.

Il a commencé par utiliser toutes sortes de vieux déchets : morceaux de planches à repasser, bouts de bois, vieux bols en bois et boîtes. Ses peintures les plus récentes sont faites sur ​​des morceaux de contreplaqué. Il n'utilise que peu de couleurs, qu'il mélange pour obtenir différentes nuances.

 

 

Il est devenu très populaire en Amérique, et ses peintures sont collectionnées dans le monde entier. Son travail a été exposé dans plusieurs galeries en Asie, en Europe et aux États-Unis.


Tim Brown peint encore, mais de façon épisodique. 



Ida Buchmann






Ida Buchmann est une peintre suisse.

Elle est née en 1911 et morte en 1966.




Carlo Zinelli, dit Carlo, est né en 1916 en Italie ; il est mort en 74 à Vérone.

Son œuvre, riche de 2000 peintures, occupa les 15 dernières années de sa vie, alors qu'il était interné en hôpital psychiatrique pour schizophrénie paranoïaque.

Il est  reconnu comme une figure importante de l'Art Brut.

 

Carlo est le quatrième d'une famille de sept enfants. La mort de sa mère l’oblige à travailler dès l’âge de huit ans à la terre. C'est là que va se manifester son goût pour les animaux et la nature. À dix-huit ans, pour subvenir plus substantiellement à sa famille, il entre aux abattoirs de Vérone. Il se passionne pour la musique.

 

Après son service militaire, Carlo est enrôlé dans les Chasseurs Alpins, puis il part à la guerre d'Espagne en 39. Il en revient seulement deux mois plus tard, probablement très marqué : il reste deux ans en convalescence avant d’être réformé.

 

De 1941 à 1947, Carlo alterne des périodes de travail et de lucidité, avec des crises d’agressivité et d’angoisse qui le mènent périodiquement en hôpital psychiatrique, où il subit des électrochocs et des traitements à l’insuline. Mais, à partir en 47, il est définitivement interné. Carlo va alors s’enfoncer dans un isolement où son langage même deviendra incompréhensible pour l’extérieur.

 

Pendant des années, sa créativité se borne à des dessins sur le sol et des graffitis sur les murs, bien qu’une école de peinture existe au sein de l’hôpital, dispensant des cours d’apprentissage classique de l’art. Ce n’est qu’en 57 que l’occasion lui est réellement donnée de s’exprimer et de développer son talent, à travers l’ouverture dans l’hôpital d’un atelier d’expression libre initié par Michael Nolde.

 

À partir de là, avec une vingtaine d’autres patients, Carlo passera près de huit heures tous les jours à peindre. Il trouve ainsi une voie de sociabilité qu’il avait perdue, au sein de l’hôpital tout d’abord, sa violence et son agressivité disparaissant, mais aussi vers l’extérieur puisque tous les mois, Noble propose aux patients des séjours dans sa villa où ils peuvent peindre et sculpter, mais également faire des excursions…


Très vite aussi, des expositions des œuvres faites à l’atelier sont organisées. Jean Dubuffet découvre ses œuvres et en acquiert un nombre important, qu’il inclut dans sa collection. 

Les peintures de Carlo Zinelli sont immédiatement reconnaissables, avec leurs silhouettes humaines ou animales percées de trous ou d’étoiles se détachant sur un fond uni. Les figures s'ordonnent autour du chiffre quatre dont la signification reste aussi mystérieuse que celle des trous circulaires qui traversent les corps, deviennent roues ou constellent l’espace.

 

Elles font inévitablement penser aux dessins d’enfants par leur apparente naïveté, les perspectives et les détails. Les spécialistes en psychiatrie ne manquent pas d’y relever nombre d’éléments qu’ils estiment propres à la schizophrénie. Mais il est également intéressant de noter la parenté des peintures de Carlo avec les dessins rupestres préhistoriques (et au-delà avec les représentations chamaniques de peuples traditionnels). Elles peuvent même aller parfois jusqu’à l’abstraction.

 

Certaines peintures portent des inscriptions, proches d’onomatopées ou de cris, qui peuvent aller jusqu’à remplir en grande partie l’espace de la feuille. Carlo a aussi intégré parfois des collages divers. Les figures occupent une place primordiale. Souvent désordonnées, elles sont parfois organisées en alignements et répétitions, avec une ou des figures centrales de grande taille entourées d’autres plus petites.

 

Les sujets de prédilection de Carlo tournent autour de la nature, avec un bestiaire très important  ;  le monde végétal est plus réduit. Les figures humaines sont omniprésentes, la plupart du temps représentées de profil. On trouve beaucoup d’allusions sexuelles, que ce soit de manière explicite ou sous forme de symboles, qui se mêlent parfois à des thèmes religieux. Des accessoires très divers apparaissent ici et là : armes, objets usuels, vêtements, instruments de musique, véhicules, et une préférence particulière pour la barque.


Facteur Cheval



Ferdinand Cheval est né à Charmes-sur-l'Herbassedans la Drôme en 1836. Il est mort à Hauterives en 1924.

Après l’obtention de son certificat d’études primaires, Ferdinand Cheval devient, à l’âge de 13 ans, apprenti boulanger. En 1867, il est officiellement nommé "facteur aux postes" puis affecté deux ans plus tard à Hauterives dans la Drôme où il a en charge une tournée pédestre journalière de 33 km.En avril 1879, il relate que, butant sur une pierre, son œil est attiré par la forme curieuse de celle-ci, il la ramasse et la glisse dans son sac. Le lendemain, il découvre une autre pierre tout aussi curieuse et la garde. Il dira : "Puisque la nature veut faire la sculpture, je ferai la maçonnerie et l’architecture". Ce ramassage et le stockage de ces pierres ne cesseront plus.

Le Facteur Cheval passe de longues heures à la mise en œuvre de son rêve, travaillant même la nuit à la lueur d’une lampe à pétrole. Il assemble les pierres, mais aussi des coquillages, à l’aide de mortier, sculpte, grave ce palais "d’un seul homme" dans lequel il inscrit les merveilles et les grands monuments du monde, mais aussi des dictons et des devises trouvant inspiration aussi bien dans la Bible que dans l’architecture hindoue.

En 1904, il décide de l’appeler le "Palais Idéal". Après 33 ans de labeur, Cheval s’arrête, considérant son grand œuvre terminé. Il aurait souhaité être inhumé dans son Palais, mais n’ayant pas obtenu l’autorisation, il s'est remet au travail, transportant des pierres jusqu’au cimetière d’Hauterives pour former le "Tombeau du Silence et du Repos sans fin", achevé en 1922, et dans lequel il repose. Le "Palais Idéal" a été classé monument historique en 1969 par Malraux, et le tombeau inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1975.



Fleury Joseph Crépin

 

 

Fleury Joseph Crépin (1875 – 1948) est un peintre français, relié au groupe des "mediumniques".

 


Durant son enfance et son adolescence, il souffre de troubles oculaires. Il est opéré deux fois, mais conservera toute sa vie une très mauvaise vue.

 

Après son certificat d’études, il apprend le métier de plombier-zingueur en même temps que la musique, pour laquelle il semble très doué. Dans les années 1900, il compose pour clarinette des polkas, qu'il va jouer le soir dans le café-bal de son père. Il dirige aussi une fanfare.

 

En 1901, il se marie et s’établit comme plombier-zingueur, tandis que son épouse tient une quincaillerie.


Grâce à sa mauvaise vue, il n'est pas mobilisé en 1914. Madame Crépin met au monde deux filles, dont l’aînée deviendra folle en 1927. À la suite de cette épreuve, Fleury Joseph Crépin abandonne la direction d’orchestre.


En 1931, il commence à s’intéresser à la radiesthésie ; bien que continuant son métier, il devient officiellement sourcier et radiesthésiste. La même année – il a cinquante-six ans – il entre en relation avec un cercle spiritualiste à Douai, où il rencontre Victor Simon qui lui présente le "pas-encore-célèbre" peintre-medium Augustin Lesage. Il se découvre des dons de guérisseur. Il soigne par imposition des mains et même à distance, par télépathie.


Un soir, alors qu’il copie de la musique (il a soixante-trois ans), sa main se met à tracer automatiquement un dessin et une voix mystérieuse résonne à ses oreilles : “Peins trois cents tableaux et la guerre s’arrêtera”.


Ne connaissant rien à la peinture et bien qu’ayant une très mauvaise vue, il va d’abord tracer des croquis sur un cahier d’écolier, pour ensuite les agrandir en se servant d’une règle et d’un compas et ainsi les transposer sur toile. Il dessine et peint dans un état mediumnique. Sur sa droite il voit des ombres : ce sont ses anges-gardiens qui viennent le soutenir dans son travail. Ils lui dictent les couleurs qu’il doit utiliser. Pendant toute la réalisation de l’œuvre, il entend de la musique.


Sa vue ne l’empêche pas de peindre des sujets d’une très grande précision. Il ne révèlera jamais le procédé qui lui permet de consteller ses œuvres de gouttelettes de peinture parfaitement qualibrées, ressemblant à des perles. Il dira à leur propos : “Sur certaines toiles, j’ai fait jusqu’à  1 500 points à l’heure”. “Je ne comprends pas ce qu’on me fait faire”, ajoutera-t-il.


Ses tableaux représentent le plus souvent des architectures symboliques, des temples. Ce sont des sortes de mandalas. Il arrive qu’il y ait de curieux personnages ou des animaux.
La symétrie semble jouer un rôle important. Tous les tableaux sont soigneusement datés et numérotés. Il est intéressant de noter la ressemblance entre les œuvres d’Augustin Lesage et les siennes – la méthode de création étant la même.


Le trois-centième tableau sera achevé le 7 mai 1945, veille  de l’armistice, signée le 8 mai 1945.


En novembre 1947, Fleury-Joseph Crépin entend à nouveau des voix : “Tu dois réaliser à nouveau quarante-cinq merveilleux tableaux pour obtenir la paix dans le monde”. Cette même voix le prévenait également qu’il mourrait après avoir réalisé son trois-cent-quarante-cinquième tableau… En fait, il est mort bien avant, d’une congestion cérébrale, le 8 novembre 1948, sans que le monde ait  retrouvé la paix…


On a enfermé dans son cercueil toutes les esquisses qui lui avaient servi de base pour ses peintures. 

http://horizonovipare.blogspot.com/2011/06/joseph-crepin.html

 






Djihem est né en 1964 à Saint-Brieuc. Il vit actuellement dans le sud de la France, près de Perpignan. 



Après la seconde, il étudie durant deux ans l'électricité puis rentre dans l'administration en qualité de technicien. Travaillant un temps pour le compte des affaires étrangères, il va passer une dizaine d'années en Afrique.  Au retour de son dernier séjour, il quitte son emploi et crée une entreprise qui fabrique des teeshirts régionaux dans le sud. Cette activité, qui l'occupe  le matin, lui  permet de consacrer le reste de son temps à la création.


Peintre autodidacte, il s'inspire de sa terre d'origine et des souvenirs rapportés de ses séjours à l'étranger, notamment de la Corne de l'Afrique et du Maghreb.

Djihem aime aussi exprimer avec humour, ou très simplement, des symboles ou des scènes de la vie de tous les jours avec des yeux immatures et enfantins.   


"Après une période singulière relativement variée et colorée, je propose, depuis le début de l'année 2012, des œuvres en noir et blanc, plus graphiques, qui marquent un tournant dans mon parcours artistique. En effet, j'ai décidé d'apporter une certaine maturité à mon travail dans le souci de mettre en avant mes influences artistiques et mon intérêt pour l'art brut, l'art singulier, la figuration libre et l'art tribal.

Pour ces nouvelles œuvres, j’ai créé un vocabulaire que j’utilise pour raconter des histoires. Certains signes reviennent : le triple profil, l’amoureux avec sa fleur, la tour Eiffel , les animaux… mais je les marie différemment en y ajoutant parfois de la couleur ou en utilisant de nouvelles techniques comme le collage.

Comme je n'aime pas faire longtemps la même chose, j’espère continuer à me et vous surprendre".







Johann Fischer est né en1919 en Autriche. Il y est mort en 2008.

Johann est apprenti maître-boulanger avant d’être mobilisé durant la seconde guerre mondiale et constitué prisonnier par les Américains. A sa libération, il prend la suite de son père à la tête du domaine agricole familial. Néanmoins, souffrant dès 1957 de troubles hallucinatoires, il est interné en clinique psychiatrique.

 

Son internement marque pour lui à la fois sa mort au monde extérieur et sa renaissance à l’hôpital. Il prétend que sa vie précédente n’a pas été vécue par lui mais par celui qu’il nomme son "prédécesseur" : "Je fus fait-créé-fait le 16 juin 1967, dans le cimetière de la clinique de Kierling-Gugging, entre 18 h 30 et 22 h, par le père de mon prédécesseur Dieu le Père Très-Haut et Très-Puissant. Et de plus avec une petite graine, puisée au puits de semence propre, selon un désir supplémentaire."

 

En 1981, il intègre la Maison des Artistes* et commence son impressionnante production.

Fischer n’utilise que le crayon et les crayons de couleur. Sa palette, tout d’abord composée de tons de gris et de bruns, s’élargit considérablement à l’aube des années 90. Les sujets plutôt simples des débuts se complexifient progressivement pour aboutir à des histoires illustrées dans lesquelles le réel et l’imaginaire se côtoient constamment.

 

Courtois, méthodique, Johann dessine tous les matins et fait suivre sa signature de sa qualité : Künstler ! (Artiste !). 

 

Créée en 1981, en marge de la Clinique psychiatrique situé à Gugging près de Vienne, la Maison des Artistes peut être vue comme une brillante réussite d’atelier d’art-thérapie. Ses artistes-patients ont été reconnus et exposés dans le monde entier, particulièrement dans les lieux et collections consacrés à l’Art brut et Outsider.






Pietro Ghizzardi est né en 1906 en Italie ; il est mort en 1986. 

Issu d’une famille de modestes fermiers, il connaît une enfance pauvre et nomade, peu compatible avec une scolarité régulière. Il vit dans la misère et l’exclusion, souffrant de privations et vivant de moyens de fortune.

 

C’est en 1951, isolé dans sa ferme avec sa mère lors de la grande inondation du Pô, qu’il décide de se dédier entièrement à la peinture.

 

À cause de son extrême pauvreté, il utilise des cartons de récupération et invente une technique très personnelle et rudimentaire, utilisant la suie qui s’accumule dans les tuyaux de cheminée ainsi que d’autres colorants naturels (argiles, herbes, baies). Il réalise ainsi des centaines de cartons peints parfois sur les deux côtés. Son graphisme est brut et primitif. Il peint des personnages féminins, quelques autoportraits mais aussi des animaux et des paysages.

 





Madge Gill est une peintre britannique, née en 1882, morte en 1961.

Née enfant illégitime à Londres, elle est cachée par sa tante et sa mère jusqu'à ses 9 ans, où elle est alors placée en orphelinat. Après un séjour au Canada où elle travaille dans une ferme, elle revient à Londres à 19 ans et y travaille comme infirmière. Habitant avec sa tante, cette dernière l'initie à l'Astrologie et au Spiritisme. En 1907, elle épouse son cousin avec qui elle aura trois fils et une petite fille mort-née, ce qui manque de l'emporter elle aussi : elle reste alitée plusieurs mois et perd l'usage de son œil gauche.


En retrouvant la santé, elle se plonge dans une œuvre médiumnique remarquable, qu'elle va poursuivre pendant 40 ans. Elle travaille la nuit, très faiblement éclairée, rapidement, de manière quasiment hallucinée, au crayon noir ou de couleur. Elle produit aussi des broderies et des écrits. Sa manière consiste en un enchevêtrement vertigineux d'ornementations instinctives et proliférantes, parsemé de visages féminins (que l'on a pu interpréter comme des autoportraits ou des représentations de sa fille disparue).


En 1958, à la suite de la mort de son premier fils, elle se met à boire et arrête totalement le dessin.


Ce n'est qu'après sa mort que l'on découvre l'ampleur de son travail : des centaines de dessins, dont certains atteignant plusieurs mètres de long. L'ampleur de son œuvre la place parmi les plus emblématiques créateurs d'Art brut et médiumnique.



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Commentaires: 8
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  • #8

    Clint Isaac (jeudi, 09 février 2017 14:47)


    Today, I went to the beach front with my kids. I found a sea shell and gave it to my 4 year old daughter and said "You can hear the ocean if you put this to your ear." She put the shell to her ear and screamed. There was a hermit crab inside and it pinched her ear. She never wants to go back! LoL I know this is totally off topic but I had to tell someone!